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Syndrome de l’abandon : comment le reconnaître et le surmonter

Le syndrome de l’abandon se traduit par le sentiment permanent d’insécurité lié à la peur, ou plutôt l’angoisse, d’être abandonné. Les répercussions sur les relations à la fois amicales, amoureuses et familiales peuvent être conséquentes. Maria Hejnar, psychologue clinicienne-psychanalyste, nous en dit plus.

Sommaire

  1. La peur de l’abandon : définition

  2. D’où vient l’angoisse de l’abandon ?

  3. Les conséquences de l’angoisse de l’abandon

  4. Surmonter le syndrome de l’abandon

La peur de l’abandon : définition

Si vous ressentez de l’anxiété à l’idée de vous retrouver seul.e, que vous craignez sans cesse et sans fondements d’être quitté.e par votre partenaire, si vous avez du mal à construire des relations et que vous ressentez souvent un sentiment de trahison, d’impuissance, d’insécurité, alors vous souffrez peut-être d’une peur de l’abandon, ou plus précisément d’angoisse. “La peur et l’angoisse sont des sentiments relativement proches. La peur est une émotion ressentie en présence d’un danger alors que l’angoisse apparaît en absence de danger extérieur” décrypte Maria Hejnar, psychologue clinicienne-psychanalyste, avant de préciser : “c’est une peur sans objet réel. Le vrai objet d’angoisse se trouve en nous”.

L’angoisse de l’abandon est la conséquence de la peur de l’abandon, sentiment éprouvé généralement à l’enfance, époque durant laquelle elle était difficile à gérer en raison de notre immaturité. “S’il n’y a pas de raisons objectives de craindre excessivement que la/le partenaire ou l’ami.e nous abandonne, la source de l’angoisse se trouve dans les expériences précoces de la personne concernée” argumente la spécialiste.

Chez l’adulte, ce ressenti est handicapant pour tisser des liens sociaux. Il s’exprime par la peur de la solitude. “La personne va ressentir un malaise et aura une appréhension anxieuse de se retrouver seule, ou d’être quittée ou abandonnée”, définit-elle. Chez l’enfant, en cas de perturbations dans les relations précoces, la détresse est extrême et persistante au moment de la séparation d’avec la personne d’attachement, les parents la plupart du temps. Cela s’exprime par une agitation, des pleurs, des difficultés d’endormissement, des cauchemars voire des terreurs nocturnes.

D’où vient l’angoisse de l’abandon ?

Les causes de l’angoisse de l’abandon ne sont pas les mêmes pour tout le monde. “Pour les comprendre, il faut prendre en compte les facteurs subjectifs et l’histoire personnelle de chacun”, indique la spécialiste.


Des séparations traumatisantes durant l’enfance se trouvent parfois à l’origine de cette angoisse. “Les faits de maltraitance et les carences dans les soins précoces peuvent notamment être mis en cause. Ces situations de détresse vécues par l'enfant perturbent d’une part les schémas relationnels et d’autre part dégradent l’image de soi. Ce sont les raisons pour lesquelles elles peuvent provoquer l’apparition de l’angoisse d’abandon”, explique-t-elle.

L’élément déclencheur peut aussi survenir à l’âge adulte. “Les bases de notre équilibre psychique sont posées dès l’enfance. Mais les événements ultérieurs, les traumatismes vécus à l’âge adulte peuvent aussi déstabiliser ces fondations. Et cela d’autant plus s’ils surviennent sur un fond déjà fragile”, ajoute-t-elle. Les personnes issues de milieux familiaux où règne notamment la violence avec des schémas relationnels perturbés grandissent avec un schéma d’attachement insécure. “Ces gens auront tendance à développer différentes formes de dépendance affective”.

Ce ressenti peut notamment être transmis de génération en génération. “Une mère angoissée communiquera ses angoisses à son enfant. Si elle ressent l’angoisse d'abandon, elle aura tendance à développer une relation fusionnelle avec son enfant ce qui va compromettre le processus de séparation-individuation de l’enfant puis de l’adolescent” confirme la psychologue. Pour que l’adulte puisse devenir autonome à la fois économiquement et émotionnellement, les parents doivent permettre à leur enfant de se séparer, de les “abandonner””, remarque l’experte. “Ceux qui ont été empêchés d’accomplir ce processus de séparation-individualisation seront prédisposés à se sentir dépendants de l'autre", conclut-elle.

Les conséquences de l’angoisse de l’abandon

Un manque de confiance en soi

L'angoisse de l’abandon va de pair avec la faible estime de soi. “Les personnes qui manquent de confiance en elles vont appréhender constamment d’être rejetées, quittées, abandonnées. Elles ne connaissent pas de quiétude émotionnelle ni relationnelle”. Un jugement de soi, trop sévère, nous sensibilise au regard de l’autre. “L’autre est pressenti comme notre juge mais c’est notre propre jugement que nous projetons sur lui. Le fait de se sentir ainsi dévalorisé peut nous conduire à croire que nous ne méritons pas l’autre et que l’autre va nous abandonner pour quelqu’un qui est forcément mieux que nous”. Ces deux ressentis sont donc inévitablement liés.

Ce manque de confiance en soi, ces assises narcissiques fragiles créées par l’angoisse de l’abandon, entraîne un sentiment d’impuissance dans les relations, qu’elles soient amoureuses, amicales ou familiales. Globalement “l’abandonnique se sent facilement incompris. Sa vulnérabilité, sa crainte de décevoir, d’ennuyer l’autre le maintiennent dans une position de passivité”.

Une dépendance affective

La dépendance affective est également associée à la peur de l’abandon. Si dans l’enfance nous n’avons pas trouvé de sécurité affective dans notre environnement, nous risquons à la fois d’être angoissé.e et d’avoir en plus un besoin excessif de la présence de l’autre. “Cette présence, rassurante, semblera nécessaire pour éviter d’être anxieux”. Au contraire, les liens précoces «secures» constituent la base de relations constructives et gratifiantes à l’âge adulte.

Des relations amoureuses compliquées

“La peur de l’abandon peut être handicapante, pouvant rendre difficiles les relations et provoquer un état de panique et de sidération dans des cas les plus sévères” indique la psychologue. D’un côté, elle peut empêcher de nouer des liens affectifs authentiques et profonds. De l’autre, les personnes prises de cette angoisse peuvent avoir tendance à rester dans les relations amoureuses insatisfaisantes de peur de se retrouver seules. “L’angoisse d’abandon pousse les personnes concernées à une quête affective incessante. Mais paradoxalement, elles vont se tenir à distance de l’autre, solitaires et renfermées. Elles peuvent prendre une attitude froide et agressive”, éclaire l’experte.

Une fois engagée dans la relation, la personne angoissée est sans cesse dans le contrôle et sur le qui-vive. “Manquant de sécurité affective, elle appréhende constamment la disparition de l’objet d’amour. Ce fantasme entraîne les sentiments de vide, de tristesse et de désespoir qui provoquent les comportements de jalousie, les reproches, l’agressivité” décrypte Maria Hejnar. “Cela engendre des conflits dans le couple mais l’abandonnique a rarement conscience de sa responsabilité dans l'enchaînement des incompréhensions. Il se perçoit plutôt comme la victime passive”.


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