La théorie de l’attachement : les 3 types d’attachement construits dans l'enfance partie 1
Le paradigme de la situation étrange permet d’évaluer les réactions d’un bébé au stress, le déclencheur du stress étant la séparation brève d’avec sa mère et la confrontation avec une personne étrangère. Se retrouver seul face à un inconnu sert de déclencheur du comportement d’attachement, mettant fin à l’exploration chez le bébé. La présence ou le retour de la mère constitue le signal d’extinction du comportement qui cesse alors.
C’est ce paradigme de la situation étrange qui a permis d’évaluer les réactions du bébé à la séparation d’avec sa mère et à la présence d’un inconnu, d’observer son comportement lors des retrouvailles ainsi que ses capacités d’exploration de l’environnement en fonction du contexte.
C’est à partir de l’observation des réactions des enfants au retour de la mère que Mary Ainsworth,à la suite de Bowlby, a établi la classification de l’attachement des bébés en trois catégories :
l’attachement insécure ambivalent/anxieux,
l’attachement insécure évitant,
l’attachement sécure.
L’émergence d’une classification des types d’attachement
La principale caractéristique qui différencie un attachement sécure d’un attachement insécure est liée au fait que, dans le premier cas, le parent répond adéquatement aux signaux et aux besoins de l’enfant et ce dernier n’a pas d’effort particulier à faire pour être entendu et objet d’attention, d’affection. Dans le second cas, la réponse est soit inadaptée, soit incohérente, ce qui conduit l’enfant à devoir mettre en place des stratégies particulières d’adaptation (soit de type évitant, soit de type anxieux).
Dans la première catégorie (attachement insécure ambivalent/ anxieux), les interactions entre la mère et son bébé se passent sans heurts mais sans véritable partage affectif non plus. La mère est jugée intrusive dans le sens où elle impose beaucoup sans tenir compte des envies de son enfant (de faire par lui-même, de décider de ses propres jeux, voire d’être laissé tranquille). Cette volonté de projet éducatif ne respecte pas nécessairement les capacités de l’enfant et conduit celui-ci à ne se sentir aimé qu’en cas de réussite. Il apparaît néanmoins comme un enfant aimable et éveillé.
Dans la deuxième catégorie (attachement insécure évitant), l’enfant maîtrise ses émotions et est très indépendant avec peu d’interactions avec sa mère (surtout pas affectives). Il arrive même que l’enfant se montre plus enjoué avec un inconnu qu’avec sa mère, celle-ci se montrant souvent davantage intéressée par les visiteurs que par son enfant. Quand l’enfant exprime de la détresse ou de la douleur, sa mère détourne son attention.
Les parents évitants découragent les tentatives de rapprochement de leur enfant et les parents anxieux découragent les tentatives d’exploration.
Dans la troisième catégorie (attachement sécure), les bébés peuvent se montrer très inquiets lors de la situation étrange et pleurer beaucoup. Mais les chercheurs ont remarqué que le niveau de l’hormone de stress (cortisol) augmente peu pendant l’expérience, comme si les pleurs fonctionnaient seulement comme un signal devant assurer le retour de leur mère, et non comme l’expression d’un désespoir profond.
Une quatrième catégorie a été ajouté par Mary Main, autre chercheuse en psychologie : l’attachement désorienté/ désorganisé. L’enfant à l’attachement insécure désorganisé/ désorienté a un comportement chaotique et instable. L’enfant perd le lien avec ses émotions et sa vie affective. Les spécialistes de l’attachement parle de “une peur sans solution”. Il n’a pas de stratégie d’attachement repérable. Mais l’attribution d’une des trois premières catégories reste préservée, par rapport à celle dont l’enfant se rapproche le plus quand il n’est pas totalement désorganisé. Chez les enfants désorganisés/ désorientés, des ruptures et des incohérences apparaissent dans les stratégies d’attachement : ils sont susceptibles de s’immobiliser comme pétrifiés de peur au moment de rejoindre leur mère, qu’ils tentent parfois d’approcher de biais, ne parvenant pas à maintenir leur attention au point de paraître absents, confus, désorientés.
Les 3 types d’attachement
1. Attachement secure
L’attachement sécure est corrélé à la sensibilité de la mère ainsi qu’au plaisir que cette dernière prend à s’occuper de son enfant.
La relation mère/enfant est fluide et les réactions cohérentes et appropriées de part et d’autre, sans indépendance ou dépendance marquée.
Les enfants dont l’attachement à la mère est évalué sécure à 12 mois se montrent plus actifs et plus enthousiastes dans leurs activités d’exploration, s’avérant aussi particulièrement disposés à jouer avec les psychologues expérimentateurs. Les enfants ont été jugés comme tels à 12 mois car ils jouent avec plaisir et explorent l’environnement avant la séparation, ils manifestent le manque de leur mère en pleurant et appelant, ils recherchent activement sa proximité à son retour avec un désir d’être pris dans les bras et, finalement, retournent tranquillement à leurs jeux une fois rassurés.
Cependant, l’attachement sécure n’est pas monolithique. Yvane Wiart écrit :
Les trois grands types d’attachement se placent en fait dans un continuum avec l’attachement sécure au milieu, certaines catégories en son sein comportant une proximité avec les styles évitant d’un côté, anxieux de l’autre. Ainsi, certains bébés sécures se montrent indépendants et recherchent peu la proximité si ce n’est qu’ils ont d’importants changes affectifs avec leurs mères (sourires, regards, vocalises), la préférant au visiteur en cas de stress, ce qui les distingue des évitants. D’autres, au contraire, ont besoin de beaucoup de contacts physiques et s’agitent lorsqu’ils ne peuvent les obtenir mais ils ne montrent ni colère intense ni passivité exagérée, à la différence des bébés avec attachement anxieux. Leurs mères semblent apprécier cette dépendance et encouragent ouvertement les câlins, sans interférence ni entrave notables dans les activités d’exploration de leur enfant cependant. La troisième sous catégorie, la plus typiquement sécure, est celle où mère et enfant prennent manifestement plaisir à leur compagnie mutuelle, partageant situation de stress et situations de jeu. En cas de stress, l’enfant recherche sa mère qui le réconforte sans difficulté; en situation d’exploration, soit à distance, soit à proximité, le partage affectif est important, à l’initiative et de l’enfant et de la mère qui exprime, elle aussi, ouvertement ses émotions.
A l’âge de 6 ans, les enfants évalués sécures à 12 mois se montrent peu affectés par la séparation d’une heure avec leurs parents. A leur retour, ils les accueillent calmement mais avec plaisir, les associant volontiers à leur activité en cours.
A l’âge de 19 ans, ils présentent des récits structurés et cohérents de leur enfance et de leurs relations avec leurs parents, reconnaissant les enjeux et l’importance de l’attachement.
Ce schéma sécure se maintient au long des années et est associé à une certaine flexibilité attentionnelle et cognitive alternant les points de vue et les centres d’intérêt, sans se mettre sur la défensive systématiquement en cas de contradiction.
